Trois séries télévisées qu'on ne verra pas :


  • La brigade des clowns :

Genre : série policière dans les milieux de l'humour professionnel.

Synopsis et personnages :
Auguste Blanc (c'est un nom de code, son vrai nom sera révélé dans la saison deux par son ex-petite amie qui refait surface dans l'épisode Saint-Valentin ) n'a jamais vraiment percé dans le spectacle, par manque d'ambition. Toutefois, sa finesse et son sens du comique font de lui un enquêteur hors-pair. Qui songerait à se méfier d'un clown de supermarché ? Sans éveiller la méfiance, et entouré d'une équipe de professionnels rencontrés au cours de sa longue carrière, il résout les affaires délicates dans le milieu du show business. Ensemble, il maitrisent toutes les ficelles de l'humour. Il y a Carambar : flic antillais en pré-retraite, spécialiste en histoires drôles ; Le Marquis : ancien journaliste du Canard Enchainé, satire politique, ironie et calembours, accent tchèque et  amateur de cigares ; Ginger, comique gestuel et acrobaties, ancienne élève de Jacky Chan (tout le monde croit qu'elle est muette) ; Tosh, humour viral et photomontages, cache son mal-être de geek sensible sous un masque potache, amoureux en secret de Ginger (qui en pince pour le marquis) ; et enfin  Lizzy Strata, stand-up et vannes cinglantes, pétillante jeune fille au verbe affûté et qui n'a pas sa langue dans sa poche (sa loyauté au groupe est mise en doute tout au long de la saison 1). Ils sont parfois rejoints par quelques personnages secondaires : Colombine (humour cucul et poétique), Prof. (un riche répertoire d'anecdotes historiques et littéraires) & Scato.

Intrigues :
 Après quelques affaires sans lien apparent, (Meurtre au Téléthon, Coup de foudre à Benny Hill, Poison d'Avril, Carambar joue au dur, etc...) ils découvrent peu à peu une vaste conspiration ourdie par un génie du mal dont les plans visent à restaurer une forme d'humour particulièrement surannée. Il opère depuis une base secrète à laquelle on n'accède que par hélicoptère en passant par le cratère d'un volcan. Il est interprété par Stéphane Collaro, dans son propre rôle. L'intrigue principale tient à l'opposition entre Auguste Blanc et Collaro, qui se sont connus enfants (révélé à l'épisode 11, saison 1) et ont suivi des chemins différents. Leur rivalité passée se révélera au fur et à mesure de leur affrontement actuel : on apprendra qu'ils ont aimé la même femme, etc.
Le personnage de Carambar tire la morale de chaque épisode sous forme de devinette.



Format :
2 saisons, 12 épisodes de 52 minutes, rires enregistrés.

Motif du refus :
Stéphane Collaro, approché par la production, a refusé de participer. Série abandonnée, malgré la proposition de remplacer le méchant par un terroriste obèse nommé Carlos.


  • Panthéon

Genre : aventures, espionnage et paranormal.


Synopsis et personnages : Marianne Doucouré, jeune fille à la situation économique précaire mais aux idées bien arrêtées est subitement prise pour cible par une bande de tueurs très organisés. Elle échappe de peu à ses poursuivants avec beaucoup de chance et l'aide du vigile de son parking, mystérieux jeune homme pour lequel elle a toujours eu le béguin. Plus tard, elle est approchée par un homme inquiétant, qui semble vouloir quelque chose qui serait en sa possession. Le vigile intervient et met en fuite le mystérieux visiteur. Marianne soupçonne que quelque chose lui échappe, depuis le début. Elle exige des explications.
Son Vigile, Félix, lui révèle qu'elle est au cœur d'une gigantesque conspiration liée au mystère de ses origines (Marianne est une enfant de l'assistance publique), mystère qu'il ne peut lui révéler . Pour en dire plus, il lui faut l'aval de sa hiérarchie. Car Félix travaille bien dans la sécurité, mais pas pour une banale société de gardiennage : il opère au sein du service le plus secret de France, qu'on appelle juste "le service". Félix conduit Marianne dans une base secrète située sous un volcan du massif central, à laquelle on accède en hélicoptère en passant par le cratère. Là, un individu mystérieux mais qui semble haut-gradé lui révèle la vraie nature du service : tous les agents sont en réalité des clones de héros de l'histoire de France, dont la fabrication a été rendue possible par l'immense banque de données génétique que constitue le panthéon. Pierre et Marie Curie dirigent ainsi les laboratoires de recherche du service, Louis Braille les écoutes téléphonique et le renseignement, Bougainville la direction des transports, Voltaire la désinformation, Marat la branche politique. Quoique absent du Panthéon, Pasteur est également membre du service, au poste de défense bactériologique. L'inconnu mystérieux que tout le monde appelle "le Major", n'est autre que Jean Moulin. Quant à Félix, le compagnon mystérieux, c'est Félix Eboué (jeune).



 Le service est sous le haut patronage de Valéry Giscard d'Estaing, qui en est à l'origine et le dirige depuis le début. Il a pour objectif de protéger les intérêts de la France dans le domaine du paranormal, de l'étrange et de l'inexpliqué. Lycanthropes, sorcières, vampires et êtres tentaculaires venus d'autres dimensions semblent en effet ligués contre la patrie des droits de l'homme pour une raison inexpliquée. Heureusement, des alliés surnaturels se présentent parfois. Par exemple, Marianne dispose d'une licorne apprivoisée à partir de l'épisode 8 de la saison 1.


Intrigues : 
  1. Le mystère des origines de Marianne : enfant adoptée, Marianne apprendra qu'elle est l'héritière de Georges Simenon. Sous sa couverture de romancier, ce dernier était en réalité un mage très puissant : il a disséminé dans son œuvre des indices menant à un artefact primordial : une pincée de cendres de Jeanne d'Arc. Elles contiennent le patrimoine génétique de la sainte, d'essence divine, qui permettrait de créer de super-soldats et ne doivent à aucun prix tomber entre de mauvaises mains. 
  2. La rivalité des Curie et de Pasteur est à deux doigts de déséquilibrer le service à plusieurs reprises : il faut toute l'autorité diplomate de Jean Moulin pour empêcher le drame. (Marie Curie finit par passer à l'est dans l'épisode la ligne bleue des Vosges,  mais on apprendra plus tard qu'elle était contrôlée par un démon)
  3. l'Idylle entre Félix Eboué et Marianne : tout semble les destiner l'un à l'autre, pourtant, par jalousie, Victor Schoelcher, agent médiocre et déclassé,  va s'ingénier à les éloigner l'un de l'autre.
  4. A la fin de la saison 1, un mystérieux service concurrent fait surface. A l'issue de la saison 2, alors que la confrontation semble inévitable, le malentendu est levé : il s'agit d'un super-service européen qui regroupe les services secrets antiparanormal de tous les pays membre : Churchill prend le commandement, alors qu'un nouvel ennemi fait surface, venu des heures les plus sombres du XXe siècle, et allié aux puissances démoniaques des Nazicromanciens.
Format :  3 saisons de 24 épisodes de 42 minutes.

Motif du refus :  Tout d'abord retenue pour son originalité et le  rôle de premier plan donné à des personnages issus de l'immigration, mais aussi pour sa promotion, auprès des jeunes, des valeurs de la France Éternelle, la série a buté sur son coût exorbitant et le refus, pour raisons de santé, de l'ancien président de la république, dont le rôle se réduisait pourtant à une dizaine de répliques.


  • Airwolf 
Genre : aventure, espionnage et Guerre

Synopsis et personnages : Un solitaire au visage buriné et au nom improbable vit retiré dans une cabane, avec son chien, Ted, pour seule compagnie. Il a également un ami gros et jovial qui gère une petite PME dans le domaine des transports. Il possède, aussi incroyable que ça puisse paraitre, des objets de collection de grande valeur : un Van Gogh véritable, un stradivarius, etc.
Un jour, pouf, il est contacté par la CIA, sans qu'on sache au juste pourquoi,  qui lui demande de récupérer le prototype d'un véhicule de guerre très puissant qui risque d'être livré à l'ennemi, disons libyen. Ayant remis la main sur le prototype, notre homme décide de le garder par devers lui. Il le dissimule dans le cratère d'un volcan, pour pouvoir s'en servir en cas de besoin : par exemple quand la CIA le charge de missions secrètes. Son gros ami est au courant de tout et lui prête main forte. Par ailleurs, le frère du héros est retenu prisonnier, disons au Vietnam.

Intrigues : Aucune. Le héros prétend chercher son frère, mais en fait il se contente de faire décoller son hélicoptère (c'est un hélicoptère, oui) depuis le cratère d'un volcan de Monument Valley et d'abattre des avions, disons russes, au dessus de l'Arizona. A la fin, il devient alcoolique et la série prend fin sans gloire.



 Format : 4 saisons, 80 épisodes de 50 minutes.

Motif du refus :  Aucun. La série a bien été réalisée et diffusée en France sur la Cinq, puis sur diverses chaines entre 1985 et nos jours, sous le titre puéril de Supercopter. Un homme est mort dans un crash durant le tournage.








Sus à la bête et courons la traquer

C'était la ligne 2 et c'était dans le métro. Il était dix-neuf heures trente, en janvier.
Il y avait des gens et moi. Beaucoup plus de gens que de moi.
Il y avait des salariés surtout, des retraités et des chômeurs, des étudiants. D'autres étaient là pour l'argent. Des blousons, des doudounes, des bonnets. Une fine couche de boue sur le sol.
Et au milieu une femme avec une ramure de cerf.
(Dans les bras, pas sur la tête.)

une ramure de cerf.
Dans le métro.
Sur la 2, oui.

J'ai pensé, je m'en souviens très bien, je veux une ramure de cerf.
J'ai pensé avoir une ramure de cerf est la chose la plus désirable.
Si je ne peux avoir ma propre ramure de cerf, alors, je veux être cette femme, j'ai pensé.


Depuis j'ai une histoire à raconter. Ça ne vaut pas une vraie ramure de cerf, mais ça console un peu.




Conte Philosophique (première partie)

Il y avait trois philosophes dans le royaume de France.

Le deuxième était mélancolique.
Le troisième était subversif.
Et le premier, me direz-vous ? Le premier était premier en tout, c'était un premier de la classe.

Le philosophe mélancolique fonctionnait par déploration : il regrettait que des choses nouvelles  remplacent les anciennes, et voyait dans ces changements une perte irrémédiable qu'il s'agissait de déplorer uniformément.  Il déplorait ainsi la perte du respect de l'autorité, de la cellule familiale, des interdits sexuels, du rite en latin, de la syphilis et de la conscription.

Principal adversaire du précédent, le philosophe Subversif était un tenant de l'exaltation. Le monde tel qu'il va l'enchantait littéralement, avec ses mouvements et ses dynamiques, son devenir-autre. Le philosophe subversif s'attachait à décrire philosophiquement tous les objets qui faisaient leur apparition dans ce monde, et les usages qu'en créaient les usagers libres, témoignant par là de leur liberté et de leur affranchissement des normes. Il s'élevait parfois violemment contre ceux qui remettaient en cause son enthousiasme pour le temps où il vivait, et c'est pourquoi on l'appelait subversif. Grâce à lui, des objets comme le body-building, les jeux vidéos, la  cigarette électronique, les godemichés ou les drones de combat revêtaient une dignité philosophique.

Arbitre des précédents, le premier de la classe n'avait aucune imagination. Toutefois, comme il avait beaucoup travaillé et appris au moins une douzaine de grandes théories philosophiques, ils disposait d'outils pour penser le monde. Concrètement, cela signifiait que, confronté à une question, une aporie, une difficulté, une controverse (par exemple de celles qui surgissaient entre le philosophe subversif et le mélancolique), il avait le pouvoir de la reformuler dans des termes déjà traités par un philosophe du canon. Tout, en définitive, pouvait se réduire à un couple du type Platon/Aristote ou structure/conjoncture, ou encore Être/Étant. Tout devenait simple, il n'y avait plus qu'à choisir son camp. On s'y retrouvait.  C'était là le but de toute philosophie, et pouvait s'expliquer sans peine dans des magazines consacrés au salaire des cadres.

Or il advint qu'un jour le président du département de philosophie d'une université, disons, japonaise décida d'organiser un colloque intitulé "actualité de la pensée française". Nos trois philosophes comptaient évidement au nombre des invités d'honneur.

Le philosophe mélancolique consentit à faire le déplacement, parce que disait-il "Changer de lieu, dans notre temps, c'est faire l’expérience de la disparition du monde." et qu'à ce titre, la plainte de l'homme dans un monde désenchanté se pouvait entendre dans toutes les langues, par tout homme et en tout lieu. Il téléphona donc au secrétariat de son éditeur, et poussa une longue plainte afin que ce dernier lui rembourse tous les frais possibles et s'engage à publier le carnet de voyage que le philosophe mélancolique ne manquerait pas de remplir de ses pensées amères. Le stagiaire qui prit l'appel crut tout d'abord à un dysfonctionnement du téléphone, illustrant au passage le dernier ouvrage du mélancolique : Bruit blanc. Incommunicabilité et modernité.

Le philosophe subversif, ravi de ce voyage, désirait toutefois se documenter un peu sur sa destination. Délaissant les guides, atlas et autres traités historiques, qu'il jugeait appartenir à une approche du Japon trop anthropocentriste  (après tout, Mercator n'était-il pas européen ?),  il s'en tint à une approche déterritorialisée de l'archipel en relisant une thèse d'un de ses anciens étudiants japonais sur Roland Barthes. Cela avait le mérite de brouiller les lignes et les repères et de tendre vers un Japon moins orthodoxe et par là même plus subversif. Pense à me rapporter un petit quelque chose. Ils font de très beaux tissus imprimés, dit sa femme, dont l'approche échappait à tout académisme.

Ne voulant pas faire le voyage tout seul, le premier de la classe appela les deux autres. Et toi, tu y vas, à ce truc au Japon, là ? Ah, oui...je comprends, c'est toute la dialectique de l'ici et de l'ailleurs. Le Hier  et le Dort...et tu pars quand ?
Dis-moi, je viens de parler à notre ami, et il va aussi au Japon le mois prochain. Et toi ? Ah, oui...la pensée du dehors ! Moi, j'ai le siège 22 dans la rangée Q. Retrouvons-nous, ce sera plus amusant ...


à suivre....