Requin-marteau planeur :
Sa tête est
vraiment très grande. Même chez les requins-marteaux, ce ne sont, quand il passe, que regards en
biais et rires étouffés. Non mais vous avez vu cette tête
énorme ? A-t-on idée ? Imaginez un peu la taille de son
oreiller !
Son nom savant (Eusphyra blochii) commémore un naturaliste allemand (Marcus
Bloch. Une grosse tête, lui aussi). Quelle chance d’avoir vécu une époque où il restait encore des
requins-marteaux à baptiser. Les naturalistes de notre temps ne baptisent plus
que des holothuries, dans le meilleur des cas.
Requin-marteau halicorne (ou à festons) :
Alors lui, on n’est sûr de rien à son sujet : il serait
gris pâle à brun, mais parfois jaune ou blanc cassé ; il serait présent
dans les zones côtières, mais aussi dans les grands fonds ; certains sont sédentaires
et d’autres migrent. Solitaire, on le voit parfois en bandes d’une centaine
d’individus. Une chose est sûre, il bouffe du calmar.
Requin-marteau Ecope :
Il est tout petit, et pour tout dire, ne ressemble pas du
tout à l’idée qu’on se fait d’un requin-marteau. C’est à se demander vraiment
pourquoi on ne s’est pas contenté de l’appeler requin-écope. D’ailleurs les
américains l’appellent requin-tête-de-bonnet ou requin-tête-de-pelle. N'importe quoi ces yankees. Pourquoi pas tête-de-poignée-de-tiroir-en-céramique ou requin-marteau-tête-de-boîtier-de-VHS ?
Requin-marteau à petits yeux :
Ouuh, qu’il est vicieux celui-là ! Un vrai petit enfoiré avec ses petits yeux pleins de vice ! Il traine dans les eaux boueuses où il fomente quelque mauvais coup, avec son teint d’un orange de mauvais aloi à force de bouffer des crevettes. Il a beau se dire menacé par l’homme, vulnérable même, je ne m’y fierais pas. Les crevettes sont de mon avis.
Requin-marteau commun :
On l'appelle aussi requin-marteau
lisse. Smooth. C'est une autre façon de le dire, oui. Il ne se distingue
pas particulièrement des autres. Moins grand que le grand, moins planeur que le
planeur, moins mystérieux que l'halicorne, ses yeux sont de taille normale.
C'est le moule d'où sortent les autres. Dites "requin marteau" et fermez les yeux. celui que vous voyez, c'est lui.
Linné l'a baptisé Squalus Zygaena. -"Sphyrna Zygaena", corrigèrent des successeurs scrupuleux, associant pour toujours le requin-marteau du langage commun au Zygon grec : le joug, dont sa tête évoquerait la forme. C'est curieux comme ces poissons font penser à de l'outillage, fût-il agricole, alors qu'aucune perceuse ou visseuse ne m'évoque aucun animal.
Ces fastidieuses pédanteries deviennent amusantes quand on sait que le joug se dit "Yoke" en anglais, mot fréquemment confondu avec "Yolk" qui désigne la partie de l’œuf où se développe l'embryon, que le requin-marteau lisse, vivipare comme les autres, lâche par paquets de 20 à 50 dans l'océan, après les avoir gardés 11 mois dans une poche.
Requin-marteau à ailes blanches :
Celui-ci semble prêt à tout pour se distinguer. Le nom
déjà : à ailes blanches ! Songez
un peu : des ailes, sur un requin. Quelle
inquiétante chimère. Pourquoi pas une trompe sur les pigeons ? Non, point
d’ailes ici. Je vous rassure, il s’agit bien de nageoires. Faites
l’expérience : lâchez ce prétentieux du haut d’un promontoire rocheux,
d’un édifice élevé et constatez combien peu il vole et semble en revanche fait
pour la nage pélagique. Son attirance pour le fond est manifeste. Nous voilà rassurés, la seule chose à faire
avec ce prétentieux est de laisser tomber.
On me signale par ailleurs que certains d’entre eux ne sont
en fait que des requins-marteaux à petits yeux. Ça confirme ce que je pensais.
Grand requin-marteau :
Comme ceux qui fréquentent par goût les restaurants
d’entreprise, le grand requin-marteau semble apprécier particulièrement la
raie. Et comme eux, il semble immunisé
contre son venin, sa consistance gluante et sa fadeur. Ce requin, le plus
grand de sa famille, avec la tête la plus large et la plus aplatie -le
requin-marteau le plus marteau, en somme- dont la nageoire dorsale est immense,
signale sa présence à des lieues à la ronde -le requin-marteau le plus requin- dont la sensibilité aux courants
électriques est si fine qu’il entend penser une langouste, ce splendide
prédateur qui hante à la fois les grands fonds et le sommet de la pyramide
alimentaire, cet effroyable bouffeur de
raies est en voie de disparition, car son aileron entre dans la composition
d’une soupe, fort appréciée dans les restaurants d’entreprise.
Une soupe.
La
population
a diminué de 73% en 25 ans. Encore dix ans à ce rythme et les animaux
ne seront plus disponibles qu'en trois modèles : chien, chat et pigeon.
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